Les @mers du CESM


Les @mers du CESM - 19 avril 1944 :

Le cuirassé Richelieu participe au bombardement de Sabang, base japonaise en Indonésie. Le navire français, ayant rejoint l’Eastern Fleet commandée par l’amiral britannique Somerville, prendra part à trois autres opérations visant des bases navales ennemies. Après 52 mois passés en mer, le bâtiment rentre à Toulon le 1er octobre 1944. À nouveau déployé en Asie du Sud-Est l’année suivante, le bâtiment assistera à la capitulation du Japon dans la rade de Singapour le 23 septembre 1945.





09 décembre 2017

Les Zumwalt, pièces maîtresses de trois SAC à dominante anti-navires ?

© US Navy. L'USS Zumwalt (DDG-1000) marche en formation avec l'USS Independence (LCS-2) le 8 décembre 2016.
Une tribune (« Les destroyers Zumwalt, pièce maîtresse de trois nouveaux groupes navals ? », Revue Défense nationale, Tribune n°839, 4 novembre 2016) tentait de proposait un exercice prospectif quant au futur emploi des trois "destroyers" de la classe Zumwalt au sein de l'US Navy. Une année plus tard, les décisions d'abandon des programmes LRLAP et HVP diminuent drastiquement l'intérêt de la batterie principale des Zumwalt, optimisée autour de ses deux pièces d'artillerie. C'est pourquoi il serait question de les employer pour la lutte anti-navires, remettant au premier plan leur batterie secondaire. 

Les Zumwalt reviennent de très loin : ils sont le fruit des réflexions qui débutent avec le SC-21 (Surface Combatant for the 21st century), se précisent par le DD-21 (Destroyer for the 21st century) et s'achèvent avec la formalisation du DD(X), c'est-à-dire la classe Zumwalt. Des 30 unités espérées, seulement trois sont effectivement commandées, connaissant, là, un chemin budgétaire très similaire aux SNA de la classe Seawolf. Mais contrairement à d'autres programmes de la Transformation - ou non - ils ont le méritent d'exister, même s'ils sont confinés à l'exercice technologique et aux missions spéciales ou spécialisées. Les Zumwalt ne prendront pas la succession des Arleigh Burke. 

Il avait été envisagé initialement que les Zumwalt seraient les pièces-maîtresses de l'Action Vers la Terre (AVT) dans la bande littorale. La caractéristique majeure de la classe Zumwalt est le retour d’une batterie principale rassemblée autour de deux tourelles mono-tube de 155 mm. Douée d’une cadence de tir de 10 coups par minute et par pièce, pour 600 obus en soute, la salve ne peut se comparer qu’avec celle d’un porte-avions et de son groupe aérien embarqué. Deux pièces de 57 mm assurent la défense à courte portée. Cela n’est pas sans rappeler la répartition de l’artillerie des anciens cuirassés entre artilleries principale et secondaire. Le saut du 127 au 155 mm peut apparaître comme limité mais le développement du LRLAP (Long Range Land Attack Projectile) accroît la portée à 120 km, voire 140 km portée (contre une trentaine de kilomètres pour une pièce de 127). Il est envisagé d’intégrer un canon électromagnétique de près de 400 km de portée (deux fois la portée d’un MM40 Block III ou un peu moins de la moitié d’un Missile de croisière naval ou MdCN).

Mais les abandons, coup sur coup, de la munition pour les deux actuelles de 155 - le LRLAP (0,8 millions de dollars l'obus) - puis des recherches menées sur le prototype de canon électromagnétique (l'équivalent d'un programme d'études amont à hauteur d'un peu plus de 500 millions de dollars) et de la munition HVP (HyperVelocity Projectile) pour ce dernier réduisent à pratiquement rien la pertinence de la batterie principale qui avait été privilégiée par rapport à l'autre, classiquement constituée de silos verticaux. Le nombre de ces derniers avait été, en plus, réduit des 128 espérés à seulement 80 pour accroître les soutes à munitions des 155.

Tout ne repose plus que sur la deuxième batterie qui comprend 80 lanceurs verticaux qui peuvent recevoir toutes les munitions ensilotables de la marine américaine. Selon le Director of surface warfare (OPNAV N96), les trois Zumwalt seraient pensés dorénavant pour être employés, non plus dans les brown water, mais bien dans les blue water : c'est-à-dire dans les espaces plutôt océaniques. Le revirement doctrinal n'est pas total en ce sens qu'il s'agit toujours d'employer un certain nombre de ruptures technologiques afin de soustraire les trois bateaux à l'œil inquisiteur des systèmes A2AD mais non plus dans un contexte littoral mais bien océanique. 

Dans cette optique, et des rares mots prononcés au sujet de cette nouvelle hypothèse d'emploi opérationnel, c'est presque la description exacte de la manière dont pu être engagées les frégates La Fayette dans des exercices nationaux ou multinationaux : tirant parti de leur furtivité intrinsèque, jouant sur l'effet de surprise, une frégate de cette classe simulait le lancement d'une salve de missiles anti-navires sur une force navale découvrant trop tard que le si faible écho sur le radar dissimulait une frégate. Les Zumwalt pourraient prétendre à remplir le même rôle, en avant d'une force navale, déplaçant 13 000 tonnes de plus qu'une FLF pour la même mission.

La perte temporaire de la batterie limite la puissance offensive à 80 cellules, ce qui est toujours dix fois plus important que les huit missiles anti-navires des La Fayette. Il est très probable que les Zumwalt, dans un tel rôle anti-navires, reçoivent des AGM-158C LRASM (Long Range Anti-Ship Missile). Missile anti-navire furtif, il n'est doté actuellement que d'une portée de 300 km pour une vitesse subsonique. Une réduction de la charge militaire laisse entrevoir un possible accroissement de la portée de 300 à 1600 km. Il serait alors fortement en concurrence avec une nouvelle version anti-navire du Tomahawk, si jamais elle voyait effectivement le jour. L'emploi de munitions anti-aériennes complèteraient la dotation mais il ne s'agirait pas là d'une mission prioritaire, bien qu'il soit notable que les SM-6 ont une portée affichée à 250 km et soupçonnée à 500 km, notamment dans un emploi anti-navire. C'est pourquoi les Harpoon ne présenteraient que peu d'intérêt sur ces bateaux.

Mais il resterait à déterminer la manière d'organiser la productivité tactique optimale d'un SAC centré sur un Zumwalt avec un certain nombre d'autres navires : dont des Littoral Combat Ship (LCS) ? Les Zumwalt et LCS marcheraient ensemble à plus de 30 nœuds. Resterait à déterminer qui des bateaux ou qui des aéronefs et drones serait en mesure de débusquer les bâtiments adverses et de transmettre les éléments nécessaires pour ouvrir le feu.  

Les problématiques A2AD jaugent de la crédibilité des groupes navals pour monter en "première ligne" face aux munitions adverses ayant la plus forte allonge. S'il était possible d'obtenir un missile anti-navire d'environ 1600 km de portée alors l'attaque ferait presque jeu égal avec la défense. Et dans cette perspective, les Zumwalt constitueraient une résurgence des SAC (Surface Action Group) en plus des neuf CSG et des neuf ESG (Expeditionary Strike Groups) portant le total à 21 groupes navals.

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